Alors que la prévalence et les conséquences du déficit auditif, notamment chez les séniors, sont largement documentées, les audioprothésistes appellent les autorités à passer désormais à l’action. Le contexte des prochains mois est à ce titre une opportunité à ne pas rater. En effet, le diagnostic, le traitement et le suivi du déficit auditif font pleinement écho aux enjeux d’emploi des séniors. Et la future consultation de prévention à 45 ans doit permettre la prise en charge précoce de ces troubles pour favoriser le « bien vieillir ».
L'emploi des séniors est l’un des thèmes prioritaires des concertations en cours entre le ministère du Travail et les partenaires sociaux, dans le cadre des discussions sur la réforme des retraites. Parmi les troubles courants et sous-estimés, conduisant les Français à des difficultés dans leur exercice professionnel ou à cesser prématurément leur activité, le déficit auditif tient une place importante. Mal « invisible », ce trouble sensoriel est très fréquent à partir de 50 ans. Selon les données d’une étude faite sur la cohorte française Constances1, sa prévalence est de 27,4 % de 51 à 55 ans, de 38,5 % de 56 à 60 ans et de 51,4 % de 61 à 65 ans2.
La sensibilisation des salariés et des entreprises sur cette affection doit être renforcée et des tests auditifs proposés. Des tests fiables et validés scientifiquement sont disponibles (l’application mobile Höra3, par exemple), permettant des repérages efficaces des troubles de l’audition sans nécessiter la mobilisation de professionnels de santé.
Il convient également d’inclure des tests auditifs dans la consultation de prévention gratuite à 45 ans qui sera bientôt mise en place. En effet, cette intervention dès 45 ans est d’autant plus indispensable que, comme l’indiquait une étude récente de Santé Publique France4, « les atteintes sensorielles non ou mal corrigées peuvent contribuer au vieillissement général et au déclin cognitif. (…) Elles doivent être plus largement dépistées par des visites de contrôle régulières à partir de la mi-vie et tout au long de la vie ». Un rapport du Lancet de 20205 indiquait qu’on pourrait prévenir 40 % des cas de démence en agissant sur 12 facteurs de risque dont le déficit auditif est le plus important, et conseillait, là encore, une intervention dès la mi-vie.
Les sujets rencontrant des problèmes auditifs présentent un risque accru de dépression (pour les hommes), de dépendance et de démence. En 2018, une étude menée sur la cohorte Paquid6 a montré que le sur-risque de dépression, dépendance et démence, était absent pour les sujets bénéficiant d’aides auditives. Les soins auditifs présentent donc des rendements sur investissement très élevés.
Dans le contexte de la mise en place des remboursements du 100 % santé, il est important de renforcer la régulation de la profession d’audioprothésiste afin de garantir aux malentendants des soins auditifs de qualité. Pour cela, le Syndicat des audioprothésistes a fait des propositions novatrices7 : décret de compétences, règles professionnelles, régulation à l’installation, étude de l’opportunité de la création d’un Ordre des audioprothésistes...