03.11.25
                La communication orale repose sur le couple audition/parole. En cas de surdité et/ou de mutisme, elle n’est pas toujours possible. C’est là qu’intervient la langue des signes, qui utilise la vision pour recevoir l’information et la gestualité pour s’exprimer. Ce guide vous explique ce qu’est la langue des signes, son fonctionnement, ses avantages, mais aussi ses limites.
Une langue des signes est une langue visuo-gestuelle qui utilise principalement les mains, le visage et le corps pour transmettre le sens, plutôt que la voix et l’ouïe comme pour les langues orales. Elle est principalement utilisée par la communauté sourde et son entourage pour communiquer. Elle possède son propre lexique (ses “signes”), sa grammaire et sa syntaxe.
Depuis 2005 et la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (Loi n°2005-102), la Langue des Signes Française (LSF) est reconnue comme une langue à part entière.
La langue des signes n'est pas universelle. De nombreux pays et régions ont développé leur propre langue des signes (comme la LSF en France). Il est ainsi plus juste de parler de langues des signes au pluriel, chacune comportant son propre lexique et sa propre grammaire spatiale. Il existe plus de 150 langues des signes différentes, même si certaines similarités sont observées d'une langue à l'autre.
La LSF est une langue riche, dotée d’une structure linguistique complète et reconnue pour être la langue naturelle de la communauté sourde en France. Son lexique compte plus de 22 500 signes, décomposés en trois grands groupes :
En LSF, la communication se déploie en trois dimensions. Le sens d’un signe repose sur plusieurs paramètres, manuels ou non :
Ces spécificités de la langue des signes font qu'elle a une grammaire propre, distincte du français. Elle n'a par contre pas de conjugaison ou de déclinaison. Elle utilise tout simplement l’espace pour signifier la temporalité d'une action. Ainsi, un geste réalisé vers l'arrière indique une action passée et un geste vers l'avant une action future. Le présent se situe quant à lui au niveau du corps.
Pour une personne sourde ou malentendante, la LSF est d’abord une langue naturelle qui permet une acquisition linguistique complète et précoce, essentielle au développement cognitif et à la structuration de la pensée. Elle assure une communication fluide et sans effort, éliminant la fatigue et le stress liés à la nécessité constante de lire sur les lèvres ou de décoder des informations auditives partielles.
En plus de l’aspect purement communicatif et éducatif, la langue des signes est un pilier de l’identité culturelle. Elle connecte l’individu à la communauté sourde, riche d’une histoire, de valeurs et d’un mode de vie partagés. Utiliser la LSF peut donc favoriser l’épanouissement social et émotionnel, offrant un espace où la personne n’est pas définie par son handicap, mais par sa capacité à interagir pleinement et à s’exprimer dans une langue qui lui est entièrement accessible.
La langue des signes est ainsi un outil d’inclusion puissant, capable de réduire l’isolement, de faciliter l’accès à l’information et de permettre une participation active dans tous les domaines de la vie, de l’éducation à la vie professionnelle.
Bien que la LSF soit une langue essentielle, il est utile de connaître certaines de ses limites.
Un implant cochléaire est un un petit appareil électronique implanté chirurgicalement dans l’oreille. Il est proposé en cas de surdité neurosensorielle sévère à profonde lorsque les appareils auditifs classiques ne sont pas suffisamment efficaces.
L'implantation est parfois présentée comme une alternative à l'apprentissage de la langue des signes, permettant à l'enfant d'entendre suffisamment pour pouvoir apprendre une langue orale. Certains parents se retrouvent alors face au choix de l'apprentissage de la LSF ou de l'implantation dans l'espoir d'apprendre à parler. Il s'agit pourtant de deux outils de communication non-exclusifs et les deux peuvent tout à fait être envisagés de façon complémentaire.
Certaines études montrent en effet que l'apprentissage de la langue des signes avant ou après l’implantation, plutôt que de réduire les chances de maîtriser une langue orale, pourrait au contraire développer la capacité de mémoire phonologique d'enfants sourds. Une initiation à la LSF avant ou après la pose d'implants cochléaires pourrait ainsi améliorer les compétences linguistiques et cognitives des enfants diagnostiqués sourds à la naissance ou lors des premières années de la vie.
Il n'y a donc pas de solution unique à la surdité, ni d'opposition ferme entre les différents outils à disposition des parents ou des personnes concernées par la perte d'audition. L'essentiel est de se faire accompagner de professionnels de la santé auditive. Demandez conseil à votre ORL, votre audioprothésiste et n'hésitez pas à vous rapprocher des associations locales ou du Centre National d’Information sur les Surdités (CNIS). Ils pourront vous apporter un accompagnement personnalisé et vous proposer des cours d'initiation à la langue des signes pour vous aider dans votre démarche.