fermer
revenir au site   >

Audition & potentiels des jeunes : Les oreilles, un déterminant de santé et de vie sociale trop souvent oublié

Actualités

14.01.20

image bannière

Pour être en meilleure santé, tout a été pensé sauf…l’ouïe. Pendant des décennies, la Santé publique s’est focalisée sur les enjeux santé permettant de réduire la mortalité de la population. Au XXIe siècle, il s’agit aussi de se consacrer aux « déterminants » santé permettant d’optimiser l’état de santé de la population. La visée est également de réduire la perte d’autonomie, source de coûts de santé publique élevés. L’audition est le BIOMARQUEUR incontournable pour atteindre ces objectifs. Lors de la 23e édition de la campagne Journée Nationale de l’Audition, les experts de l’association martèleront les rôles essentiels de nos oreilles pour être en bonne santé, développer ses potentiels et conforter son avenir social.

« Optimiser les 3 fonctions clés de l’audition »

L’Ouïe est l’un des cinq sens nécessaires à l’équilibre général. Ses rôles sont totalement inconnus, au point de faire partie des « insignifiants santé ». Pourtant, plus les mécanismes du système auditif sont « huilés » et plus le cerveau va décoder les informations sonores en mode « vitesse rapide » et faciliter la communication. En quelques millisecondes, ils vont associer des sensations aux sons et permettre de générer des émotions via le registre « agréable » / « désagréable ». Celles-ci seront transmises par la voix. Ils vont également agir comme un radar permettant d’alerter les situations de danger de mort liées aux sources sonores. Ce système de vigilance est en fonctionnement continu alors que l’alerte par la vue s’interrompt lors de la fermeture des paupières.

« Optimiser les apprentissages »

Plus le décodage des informations sonores est facilité et plus le cerveau est réactif. Il s’agit là d’un formidable principe pour optimiser les apprentissages. Au cours de la journée, la clarté de l’information à décoder va être gênée par le niveau et la durée des expositions sonores, les modes d’écoute de musique nomade. Cet ensemble va créer un stress acoustique source d’engorgement des cellules ayant pour fonction de transmettre les informations, les fameuses cellules sensorielles de l’oreille. Normalement momentané, il disparaît après un temps de récupération. Chez les jeunes, le cumul de l’ensemble des expositions sonores, leur puissance et la réduction du temps de récupération constituent de véritables « grains de sable » qui remettent en question leur équilibre général de santé et leur disponibilité physique et mentale aux apprentissages !

« Travailler l’acuité auditive en variant la qualité des informations sonores »

Affiner les capacités de l’ouïe est un objectif oublié dans notre société. En effet, l’uniformisation des productions sonores aurait plutôt tendance à rendre l’oreille paresseuse. Afin de rendre les sources sonores techniquement accessibles, elles ont été travaillées en compression de données (agissant sur la vitesse de téléchargement) et en compression dynamique. Cette dernière, par l’effet « Loudness », génère une sollicitation puissante et rapide. L’avantage, le son passe au-dessus du bruit. Mais en réduisant les micro-silences, l’oreille n’a plus d’espace de respiration, développe moins d’acuité fréquentielle et est soumise au stress continu. Le cerveau devient alors une machine et l’intensité des informations transmises empêche tout temps d’analyse par l’individu. Il peut donc apparaître un effet hypnotique, addictif, une surcharge mentale. Le plaisir est généré sans effort. Il suffirait de varier la qualité des sources sonores écoutées et de redonner du sens à l’éducation musicale pour que les jeunes aient un référentiel distinguant de ce qu’est un son travaillé d’un son naturel.

«Optimiser son hygiène de santé »

L’ensemble de ces facteurs conjugués peut être à la source de maux de tête, de fatigue, de pertes de concentration ; gênes exprimées par les jeunes lors de la dernière enquête JNA. Par ignorance, par absence de référentiels, par mimétisme social, les jeunes ont-ils la capacité de modifier leurs comportements pour les rendre plus écologiques ?
Il est temps que les pouvoirs publics appuient le travail effectué depuis 23 ans par les acteurs de la santé et de la prévention en imposant l’audition parmi les biomarqueurs de santé à suivre systématiquement. Il s’agit d’un déterminant de santé avec comorbidités associées et il doit faire partie des indicateurs de vigilance sanitaire. Dans ce cadre, un véritable parcours de santé auditive serait à définir. Il permettrait à la fois le repérage des gênes et troubles de l’audition chez les jeunes et aussi le développement d’une médecine préventive. Ainsi légitimée, la nécessité pour chacun d’intégrer ce déterminant à son hygiène de santé prendrait tout son sens. De nombreux défis seraient alors à relever : la formation des médecins généralistes, le développement des capacités de prise en charge des enfants et adolescents par les médecins ORL, le développement de la médecine préventive. Comment ?

Le jeudi 12 mars 2020, plus de 2 500 acteurs de la prévention et de la santé poursuivront partout en France le mouvement engagé depuis 23 ans maintenant, pour une meilleure santé de la population et des jeunes grâce à l’audition. L’association JNA a développé des outils de prévention qui leur seront mis à disposition : brochures Nos oreilles on y tient !, affiches, dépliants pédagogiques, site internet et protections auditives. L’application sonomètre dB JNA sera également téléchargeable afin que chacun puisse se rendre compte du volume sonore environnant.

Les experts de l’association JNA inviteront les pouvoirs publics à résoudre le paradoxe entre l’héritage d’une politique curative et une politique de santé publique primaire avec un parcours de prise en charge bien défini. 1 jeune avec une gêne ou un trouble de l’audition non repéré, est un jeune en difficulté avec un futur fragilisé.