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Le confinement et nos pratiques auditives

Actualités

20.04.20

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Depuis le confinement, les repères de vie sont chamboulés. Relation aux autres, environnement sonore, « rester chez soi », isolement, pour chacun d’entre nous, notre rapport au monde est (re)questionné dans un contexte anxiogène. Gardons le moral malgré l’horreur en cours et profitons de cette période subie pour tenter individuellement et collectivement de mettre à profit cette « parenthèse inconnue et imposée ». Les experts de l’association JNA invitent à découvrir un essentiel de santé, qui, si nous le sachions, pourrait bénéficier de cette période de trêve sonore : l’audition et ses fonctions clés sur notre équilibre de santé et de vie sociale. Avec quelques inquiétudes relevées.

La place du bruit dans notre vie de tous les jours et son action sur nos oreilles

Selon Alain Corbin, historien et auteur de « Histoire du Silence », le bruit n’était pas moins élevé au 19e siècle qu’au 21e siècle, l’une des grandes différences réside dans son omniprésence.

Or en cette période de confinement, même l’omniprésence est devenue absente pour la majorité des Français. Il existe deux manières de s’adapter à cette nouvelle donne : générer du bruit ou profiter de la « pause sonore collective », à s’extraire de la stridence sonore décrite par Milan Kundera.

Cette respiration sonore peut être salutaire à nos mécanismes auditifs et à notre cerveau ! Notre équilibre général de santé en dépend et nous ramène à une simple loi universelle : moins le stress acoustique sur les cellules sensorielles de l’oreille est élevé et plus notre cerveau fonctionne correctement pour assurer les fonctions clés de l’audition : alerte, communication et émotions. Est ce que collectivement, nous ferons cet effort de découverte ? 

 

L’écoute de son et de musique avec écouteurs et casques, un risque de surdité et de santé

La dernière enquête réalisée en mars 2020 par Ifop pour l’association JNA, « Quel avenir pour l’oreille des Français » indiquait qu’avant le confinement, 27% des « moins de 35 ans » et surtout 34% des 15-17 ans déclaraient une écoute supérieure ou égale à 2h (vs 19% en moyenne). Il est fort probable que par habitude ou pour pallier à l’ennui ou à l’angoisse de l’isolement, ces durées soient supérieures pendant le confinement.

Des études ont montré les corrélations entre écoute prolongée de musique et symptômes de dépression chez les adolescents. Plus largement, il existe un lien étroit entre saturation des cellules de l’oreille, fatigue et irritabilité. Ce qui n’est pas aidant pour s’entendre en famille confinée !

Enfin, rappelons aussi que l’écoute prolongée de son à volume élevé est l’une des principales sources d’acouphènes. Avant le confinement, la même enquête citée ci-dessus permettait d’estimer une augmentation de 31 à 37 % des personnes souffrant d’acouphènes permanents ou passagers entre 2017 et 2020. 1 jeune sur 2 âgé de 15 à 17 ans et 46% des 18-24 ans indiquaient ressentir ou avoir déjà ressenti des sifflements ou bourdonnements suite à écoute prolongée. 

 

Les modes de communications « humaines » sont questionnés dans leur efficacité

Le confinement amène à communiquer via les systèmes de vidéo conférence pour compenser l’absence de contact physique avec les proches. Ces modes de communication montrent leur limite lorsque les personnes sont malentendantes. Les difficultés rencontrées renforcent le sentiment de solitude affective notamment chez nos aînés mais pas que. Les personnes malentendantes sont fragilisées dans leur ensemble par l’absence de transcription écrite, de programmes en LSF, de possibilités plus élargies de communiquer ensemble. Alors pensons à elles et faisons un effort d’écrire des messages en complément de l’oralité, de bien articuler face à la webcam et de penser à généraliser les modes de communication pour tous. Plein de promesses jusqu’alors, le monde connecté tel qu’il est montre ses insuffisances.

 

L’absence d’appel sur la ligne d’écoute France Acouphènes inquiète :

Cette période anxiogène questionne également quant à l’absence d’appels sur les lignes d’écoute comme celle de l’association France Acouphènes. La difficulté à gérer la présence des acouphènes s’explique aussi par la dose d’anxiété. Or, la période de confinement est anxiogène. Il est important que les personnes en souffrance ne restent pas seules. La présence de ces symptômes peut générer des situations critiques.

 
Vivre autrement, faire autrement… en grande partie tient à notre bonne volonté. Cette période peut nous rappeler ô combien nous devons veiller à l’humain au coeur de l’écosystème. Au coeur des fondamentaux de l’humain se situent tous les facteurs clés de sa santé au service de ses besoins primaires. Le respect des besoins physiologiques de l’oreille en fait partie. Profitons de cette période pour l’entendre et faire autrement après.