24.06.25
Le Syndicat des audioprothésistes (SDA) se réjouit de voir la France se hisser parmi les pays européens ayant les meilleurs taux de personnes appareillées, selon les résultats de l’étude EuroTrak 2025 dévoilés par le SNITEM.
Avec un taux d’équipement en forte hausse – 55,5 % des personnes malentendantes –, un niveau de satisfaction demeuré élevé (83 %) et une accessibilité préservée, le système français de prise en charge se distingue positivement face à ses voisins européens. Ces résultats confirment l’impact sanitaire, social et économique du 100 % santé, et soulignent le rôle central des prestations de l’audioprothésiste, dont dépendent la satisfaction et l’observance des patients. Une régulation de la profession proportionnée et adaptée aux défis en matière de prévention, de « bien vieillir » et de gains d’espérance de vie en bonne santé, permettra d’amplifier et de pérenniser le succès du 100% santé audiologie par l’amélioration de la qualité et de l’effectivité des prestations.
Les études EuroTrak, initiées en 2009 pour la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, sont réalisées tous les 3 ans et couvrent à présent la majorité des pays d’Europe, le Japon, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, la Chine, la Corée et l’Australie. Comme l’indiquait l’IGAS dans son rapport sur la filière auditive1, « EuroTrak est l’étude de référence au niveau européen, qui compare pays par pays l’épidémiologie et les usages des personnes atteintes de déficience auditive. EuroTrak est une étude pilotée par l’EHIMA (European Hearing Instrument Manufacturers Association), l’association européenne des fabricants d’aides auditives ». Les études sont disponibles en ligne2.
Le 5 juin 2025, le SNITEM a dévoilé les résultats de l’étude EuroTrak France 20253, première étude mesurant les effets de la mise en place, début 2021, du 100 % santé audiologie. Le résultat le plus marquant est la nette progression du taux d’adoption : 55,5 % des personnes malentendantes sont équipées d’aides auditives, soit + 9,8 % par rapport à 2022 ! La France rejoint ainsi les meilleurs taux d’équipement auditif d’Europe. L’Allemagne voit aussi son taux d’équipement augmenter, mais de façon plus modérée. En revanche, pour la première fois le Royaume-Uni voit son taux d’équipement baisser à 50,5 %, contre 52,8 % en 2022.
La récente comparaison européenne de l’accès aux aides auditive publiée par l’IRDES4 fournit des pistes d’explication à cette contre-performance britannique : « en Suède et en Angleterre, le secteur public assure un achat centralisé par un système d’appel d'offre (…) mais cette solvabilisation se fait au prix d’une offre réduite et de phénomènes de files d’attente. » (...) « Longues files d’attente dans les systèmes publics : 12 mois en Angleterre ; entre 3 et 24 mois en Suède ». L’IRDES note que « dans ces deux pays, un canal d’approvisionnement par le marché privé tend à se développer depuis plusieurs années, qui attire une clientèle plus aisée financièrement, séduite par une offre beaucoup plus large que dans le secteur public, et par le fait d’éviter les files d’attente importantes dans les centres ».
En France, la forte progression du taux d’équipement se fait en conservant un taux de satisfaction globale de 83 %, parmi les plus élevés d’Europe. « Et comme ce sont les mêmes aides auditives dans tous les pays, c’est sans doute l’audioprothésiste qui fait la différence », souligne Brice Jantzem, président du SDA. Pour les personnes équipées en 100 % santé, ce taux est de 82 %, et de 88 % pour celles ayant choisi des aides auditives de classe 2. Les raisons de cet écart sont multifactorielles : aides auditives plus performantes en classe 2, plus grande implication des personnes ayant opté pour un reste-à-charge choisi...
Comme c’est le cas depuis 2009, la satisfaction en France est supérieure à celles du Royaume-Uni et de l’Allemagne.
Néanmoins, l’écart avec ces deux pays se réduit, mettant en évidence des marges de progression possibles pour atteindre un taux de satisfaction globale se rapprochant de celui des patients dotés de classe 2 (88 %). Pour cela, le SDA propose des mesures visant à améliorer la qualité et l’effectivité des prestations des audioprothésistes : créer un Ordre des audioprothésistes afin d’assurer la gestion du tableau des audioprothésistes et d’un code de déontologie, réguler la publicité commerciale pour les aides auditives, lier conventionnellement les remboursements de l'assurance maladie à l'audioprothésiste qui exécute l'appareillage, procéder à la réingénierie de la formation des audioprothésistes...
Le succès du 100 % santé est une nouvelle fois confirmé par ces données qui convergent avec le constat de l’IRDES : « la France se situe favorablement par rapport aux autres pays étudiés »5. Alors que les évaluations médico-économiques ont mis en évidence les rendements sur investissement élevés de la compensation du déficit auditif, de l’ordre de ceux de la vaccination, ce sont aujourd’hui plus de 4 millions de français qui sont appareillés et voient diminuer leurs risques de souffrance au travail, d’isolement social, de troubles mentaux, de dépression, de chutes, de déclin cognitif, de perte d’autonomie… Les bénéfices sont ainsi majeurs pour les patients, comme pour notre système de santé !
Les études EuroTrak avaient déjà permis de mettre en évidence les liens entre taux d’équipement en aides auditives, satisfaction, observance, modèle de prise en charge dans les différents pays européens6…
Toute modification de la réforme du 100 % santé audiologie qui pénaliserait le taux d’adoption ou l’observance, pourrait avoir un coût disproportionné par rapport à l’économie de court terme réalisée et irait à l’encontre des politiques de prévention, du « bien vieillir », un des rares leviers face au choc démographique à venir.
Comme l’écrivaient les sociologues Frédéric Pierru et Pierre-André Juven7, « l’enjeu de santé publique est bien davantage d’équiper des personnes qui garderont leur appareil et pour qui il servira effectivement. Sans prise en compte de l’environnement des personnes et du caractère « politique » et social (et non pas seulement technique et marchand) de l’audition, toute tentative de régulation est vouée à revoir sa copie dans dix ou quinze ans, constatant alors que des économies auront été réalisées à court terme mais avec des effets sanitaires (et donc, de fait, économiques) très insatisfaisants à moyen et long termes, dans le contexte, faut-il le rappeler, de vieillissement de la population. Par conséquent, nous pensons qu’il importe de préserver et de protéger cet aspect du "care" chez les audioprothésistes ».
1 Inspection générale des affaires sociales, Évaluation de la filière auditive, janvier 2022.
2 https://www.ehima.com/surveys/
3 Disponible sur le site du SNITEM, EuroTrak France 2025 a été conçu et réalisé par Anovum (Zurich) pour le compte de l'EHIMA et du SNITEM.
Échantillon représentatif de 14 939 personnes, comprenant 1 304 personnes malentendantes (705 appareillées et 599 non appareillées).
4 IRDES, Financement et accès aux aides auditives en Europe : une comparaison entre la France, l'Angleterre, la Belgique et la Suède, oct. 2024.
5 SDA, Comparaison européenne de l’IRDES : la France dispose d’un panier d'aides auditives plus diversifié, sans file d'attente et aux restes à charge plus faibles que dans les autres pays, octobre 2024.
6 The Hearing Review, What Is the Most Efficient Reimbursement System in Europe?, Luis Godinho, 30 décembre 2015.
7 Pierre-André Juven et Frédéric Pierru, Sociotechnique de la presbyacousie. Enquête ethnographique auprès d’audioprothésistes et de personnes appareillées, mars 2018
À propos du SDA
Le Syndicat des audioprothésistes (SDA ex-UNSAF) est l’organisme professionnel représentatif des 5 100 audioprothésistes de France. Il siège à l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS), l'Union Nationale des Professions Libérales (UNAPL) et au Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP). Il est le signataire de la convention nationale de tiers-payant et de l’accord cadre interprofessionnel (ACIP), conclus avec les Caisses nationales d'assurance maladie. Le SDA est aussi membre du World Hearing Forum de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il est présidé par Brice Jantzem depuis septembre 2022. Centrales et enseignes partenaires du SDA : Audio Libre, Audition Conseil, Centrale des Audioprothésistes CDA, Dyapason, Entendre, Saga.