13.05.25
Nous entendons principalement grâce à la conduction aérienne, lorsque les ondes sonores font vibrer nos tympans. Nous sommes néanmoins également capables d’entendre via la conduction osseuse, en percevant les vibrations transmises aux os du crâne. C’est par exemple comme cela que fonctionnent certains casques audio pour coureurs. Dans le domaine médical, c’est aussi comme cela que fonctionnent les implants à conduction osseuse, capables d’améliorer l’audition de personnes dont l’oreille moyenne et/ou externe est endommagée.
Un implant à conduction osseuse, également appelé implant à ancrage osseux ou, par excès de langage, implant BAHA, est un dispositif auditif qui permet de percevoir des sons sans passer par l’oreille moyenne.
En situation normale, le fonctionnement de l’audition est rendu possible par l’enchaînement d’étapes précises:
Lorsque l’audition faiblit, par exemple à cause du vieillissement du système auditif (presbyacousie), le recours à des appareils auditifs classiques est généralement suffisant. Lorsque la surdité est liée à un problème d’oreille moyenne et que la personne ne peut pas porter d’aides auditives classiques, par exemple en cas d’infections chroniques ou de malformation de l’oreille externe, l’implant à conduction osseuse propose une alternative efficace.
L’implant à conduction osseuse et l’implant cochléaire sont tous deux implantés chirurgicalement pour améliorer l’audition. Le choix entre les deux dépend néanmoins du type et de la localisation du problème auditif.
Il existe plusieurs types d’implants à conduction osseuse, divisés en deux grandes familles: les implants passifs (avec pilier ou aimant) et les implants actifs. Le choix de l’implant se fait en collaboration étroite avec un spécialiste ORL. Il dépend notamment du type et du degré de perte auditive, de l’anatomie de l’oreille, du mode de vie du patient et de ses préférences personnelles, notamment en termes d’esthétique.
Les implants à conduction osseuse passifs reposent sur un principe simple: un processeur auditif externe capte les sons de l’environnement, les transforme en vibrations mécaniques, puis les transmet à un implant ancré dans l’os de l’oreille, sans passer par le conduit auditif. Ce type de dispositif est utilisé lorsque la perte auditive est liée à une mauvaise transmission du son via l’oreille externe ou moyenne, alors que l’oreille interne reste fonctionnelle. On distingue deux sous-catégories: les implants passifs avec pilier et ceux avec aimant.
Les implants avec pilier, comme les systèmes Ponto d’Oticon Medical ou BAHA Connect de Cochlear, comportent un petit pilier en titane qui traverse la peau et permet de clipser le processeur auditif externe. La connexion directe entre le processeur et l’implant permet une transmission sonore directe, efficace et demandant peu d’énergie. Le pilier est néanmoins visible, ce qui peut être une préoccupation esthétique. La présence d’un élément transcutané entraîne par ailleurs un risque d’infection au niveau de la zone de sortie du pilier.
Les implants passifs à aimant, comme les systèmes BAHA Attract de Cochlear ou Bonebridge de MED-EL utilisent quant à eux deux aimants. L’un est intégré à l’implant interne et l’autre au processeur externe. Ce système permet de maintenir la peau intacte, ce qui diminue le risque d’infection et améliore le confort esthétique. L’attraction magnétique doit en contrepartie être suffisamment forte pour maintenir le processeur en place, ce qui peut exercer une certaine pression sur la peau. Le processeur peut également se déplacer plus facilement en cas de choc ou de mouvement brusque.
Les implants actifs représentent une avancée technologique où le transducteur (le dispositif qui génère les vibrations) est intégré directement dans la partie implantée sous la peau. Le processeur est dans ce cas le seul élément externe et est maintenu par un aimant léger. On retrouve notamment ce système dans l’implant électromagnétique Bonebridge de Medel, l’implant piézo-électrique OSIA de Cochlear et l’implant électromagnétique SENTIO d'Oticon Medical.
La vibration étant dans ce cas générée directement au niveau de l’os, la transmission est potentiellement de meilleure qualité, avec une meilleure réponse en fréquence, notamment dans les aigus. Comme pour les implants passifs à aimant, la peau reste intacte, réduisant le risque d’infection et rendant l’implantation plus discrète. De plus, moins de force magnétique est requise, ce qui limite la pression sur la peau. La technologie est néanmoins plus coûteuse et l’intervention peut être un peu plus complexe.
L’implantation a lieu au cours d’une intervention dont le protocole exact varie en fonction du type d’implant choisi.
L’opération permettant de placer un implant à ancrage osseux est mineure et comporte peu de risques. Dans certains cas, le chirurgien peut toutefois ne pas parvenir à placer la vis dans l’os mastoïdien. En cas de succès de l’opération, la principale complication concerne le risque d’infection, principalement pour les implants passifs avec pilier. Une hygiène impeccable est dans ce cas essentielle.
Selon le type d’implant, il n’est enfin pas toujours possible d'avoir recours à l'imagerie médicale (IRM). Il convient alors d’opter pour d’autres types d’examens lorsque cela est possible ou de retirer l'implant. Les modèles les plus récents entraînent néanmoins de moins en moins d’interférences et la majorité des implants auditifs sont aujourd’hui IRM-compatibles à 1,5 Tesla voire à 3 Tesla (l’unité de mesure de l’intensité du champ magnétique de l’appareil).
Un implant à conduction osseuse est généralement activé deux à trois semaines après l’intervention. Les réglages se font par un audioprothésiste, de la même façon qu’il le ferait avec un appareil auditif externe. Un rendez-vous annuel chez un médecin ORL est nécessaire pour assurer le suivi général.
Il est possible de tester la conduction osseuse avant une éventuelle opération, par exemple avec un bandeau BAHA. Il maintient l’appareil contre la mastoïde à l’aide d’un bandeau ou un arceau et permet de tester ce type de correction de manière non-invasive. Si l’essai est concluant, il est alors possible de planifier l’implantation.
En cas de problème d’audition, demandez conseil à un médecin ORL ou à un audioprothésiste. Ils réaliseront des tests auditifs spécifiques pour déterminer le type et le degré de perte auditive, et évaluer si la conduction osseuse pourrait être bénéfique dans votre cas particulier.