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Tout savoir sur l'ossiculoplastie (chirurgie des osselets)

Audition

28.12.25

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Une baisse d’audition liée à une atteinte mécanique de l’oreille peut considérablement impacter la qualité de vie et le lien social. La chirurgie peut néanmoins restaurer cette fonction grâce à l’ossiculoplastie, l’intervention de référence pour réparer ou remplacer les osselets endommagés. Ce guide vous explique son déroulement, quand la considérer et les résultats visés.

Qu'est-ce que l'ossiculoplastie ?

L'ossiculoplastie, ou reconstruction ossiculaire, est une microchirurgie de l’oreille moyenne. Son objectif est de rétablir la chaîne des osselets, les os de l'oreille les plus petits, afin de restaurer la transmission du son vers l’oreille interne

Comprendre le rôle de l’oreille moyenne

L’oreille moyenne joue un rôle essentiel au bon fonctionnement de l'audition puisqu’elle agit comme un amplificateur mécanique. Elle est composée du tympan et de la chaîne ossiculaire, comprenant les trois plus petits os du corps humain : 

  • Le marteau (solidaire du tympan)
  • L’enclume
  • L’étrier (en contact avec l’oreille interne)

Lorsque l’oreille capte un son, le tympan vibre et transmet cette énergie aux osselets qui, par un effet de levier, la propulsent vers les fluides de l’oreille interne. Si un de ces os est rompu, érodé par une infection ou bloqué par une malformation, le son ne passe plus : nous sommes en présence d’une surdité de transmission

L’ossiculoplastie intervient comme une solution pour les patients dont la chaîne ossiculaire est endommagée. Selon l’étendue des dégâts, le chirurgien ORL peut soit réparer l’existant, soit utiliser des prothèses (généralement en titane, céramique ou téflon) ou des implants pour restaurer la fonction mécanique de l’oreille interne et améliorer l’audition. 

L'ossiculoplastie en bref

  •  : dans l'oreille moyenne. 
  • Quand : lorsqu’un ou plusieurs osselets sont endommagés ou manquants. 
  • Comment : en remplaçant ou réparant les parties manquantes ou endommagées de la chaîne des osselets (marteau, enclume, étrier). 
  • Pourquoi : pour réparer la fonction mécanique assurée par la chaîne ossiculaire permettant aux vibrations sonores captées par l'oreille externe de se déplacer jusqu'à l'oreille interne. 
  • Résultat visé : amélioration notable de l'audition (20 à 30 dB de gain auditif moyen). 

Quand considérer l'ossiculoplastie ?

L’indication d’une ossiculoplastie ne peut être posée que par un médecin spécialiste ORL, capable de poser un diagnostic précis et de proposer une prise en charge adaptée au cas particulier du patient. Il doit notamment s’assurer que la perte auditive est bien de nature mécanique et que l’oreille interne, elle, fonctionne toujours correctement. 

Pour anticiper les résultats de l’intervention et valider la faisabilité de la reconstruction, le spécialiste réalise un bilan pré-opératoire incluant différents examens. 

  • L’otoscopie : cet examen clinique direct du conduit auditif et du tympan permet de vérifier l’état de la membrane tympanique (l’otoscope est la petite loupe équipée d’une lampe utilisée par les médecins). 
  • L’audiométrie : ce test d’audition est crucial pour mesurer l’écart entre la conduction aérienne et la conduction osseuse. 
  • Le scanner du rocher : cette imagerie haute résolution permet de confirmer la localisation exacte des lésions, l’étendue de l’érosion des osselets et l’état des cavités de l’oreille moyenne. 

Indications courantes

L’ossiculoplastie est principalement indiquée lorsque la chaîne est interrompue par une érosion, un traumatisme ou fixée par des adhérences. Les pathologies les plus fréquemment concernées sont : 

Comment se passe l'ossiculoplastie ?

Le déroulé de l'intervention dépend du type de procédure nécessaire, dépendant lui-même de la complexité de la situation. L’opération se déroule sous microscope ou endoscope chirurgical. Elle est par ailleurs fréquemment associée à une tympanoplastie (réparation du tympan) ou à une mastoïdectomie (nettoyage de l’os derrière l’oreille) si une infection est présente. 

Réparation ciblée du joint incudo-stapédien

C’est l’intervention la plus légère. Elle concerne l’articulation entre l’enclume (incus) et l’étrier (stapes). 

  • Si l’écart dû à l’érosion est minime, le chirurgien peut combler le vide grâce à un ciment osseux biocompatible. 
  • Si l’espace est trop important, il utilise plutôt une greffe d’incus (l’osselet du patient est retiré, remodelé et repositionné) pour rétablir le contact. 

Remplacement partiel

Cette solution, appelée PORP pour Partial Ossicular Replacement Prosthesis, est utilisée lorsque la superstructure de l’étrier est intacte et mobile. C’est un cas courant lors d’infections chroniques où seuls le marteau ou l’enclume sont touchés. La prothèse vient alors créer un pont entre le tympan et la tête de l’étrier. 

Remplacement total

Le TORP, pour Total Ossicular Replacement Prosthesis, est privilégié lorsque la superstructure de l’étrier est absente (seule la “platine”, le socle, est présente et mobile). Dans ce cas, les trois osselets sont soit endommagés, soit manquants. La prothèse, souvent en titane, relie directement le tympan à la fenêtre ovale de l’oreille interne. 

Après la reconstruction ossiculaire

Une fois l’intervention terminée, une période de cicatrisation est nécessaire pour que la prothèse ou la greffe se stabilise et que l’audition s’améliore. 

Résultats visés

L’objectif principal de l’ossiculoplastie est la réduction de ce que les spécialistes appellent le “gap” ou air-bone gap, se manifestant lorsque l’oreille interne fonctionne correctement mais que le son ne passe pas. En rétablissant la transmission mécanique, on vise un gain auditif significatif, de l’ordre de 20 à 30 décibels en moyenne. Cela permet souvent de repasser sous le seuil de la gêne sociale et de mieux comprendre les conversations en milieu bruyant. 

On considère l’opération réussie lorsque le gap est réduit à moins de 20 décibels. Pour certains, l’ossiculoplastie permet alors de se passer d’appareils auditifs; pour d’autres, elle rend l’appareillage plus efficace. 

Suivi post-opératoire

Après l’intervention, la phase de convalescence est déterminante pour la stabilisation de la prothèse et la réussite de la greffe. Le patient quitte l’hôpital le jour-même ou le lendemain, avec un pansement protecteur placé dans le conduit auditif qui sera retiré par le chirurgien après une à deux semaines. Durant les premières semaines, il est impératif de garder l’oreille au sec et de protéger le tympan de toute variation de pression brutale (se moucher, prendre l’avion, faire du sport). 

Bien que la douleur soit généralement modérée et contrôlée par des antalgiques classiques, une sensation d’oreille bouchée ou des bruits de craquement peuvent persister temporairement. 

L’amélioration de l’audition n’est enfin pas immédiate. Elle est souvent masquée au début par la présence du pansement et de possibles épanchements dans l’oreille moyenne. Le résultat définitif est évalué par un bilan auditif complet effectué quatre à six mois après l’ossiculoplastie.