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Acouphènes : définition, symptômes, causes et traitement

Acouphènes

07.12.21

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Plus de 8 millions de personnes souffrent d'acouphènes en France. Cela représente environ 10% de la population globale qui entend continuellement ou par intermittence des sons qui finissent par énerver, fatiguer et ne laissent que peu de répit à celles et ceux qui en souffrent. Ce guide complet sur les acouphènes revient sur leur définition, comment ils se manifestent, ce qui les cause et comment les traiter.

Qu’est-ce qu’un acouphène ?

Dans la plupart des cas, un acouphène est un son généré par la cochlée. Plus précisément, il s’agit d’une sensation auditive : le bruit est bel et bien entendu, mais il n'est pas causé par un bruit extérieur. Une personne souffrant d’acouphènes chroniques entend par conséquent des sons qui n'existent pas. Généralement, ces sons se traduisent par des sifflements ou des bourdonnements. Ils peuvent également ressembler à une sonnerie, à un vrombissement ou à un cliquetis. 

Acouphènes "objectifs" et acouphènes "subjectifs"

Les acouphènes dits objectifs, qui nous intéressent principalement ici, représentent 95% des cas. Ils sont associés à une maladie de l'oreille et ne sont perçus que par le patient. Dans environ 5% des cas, le bruit perçu est cependant réel et correspond généralement à la perception du battement cardiaque à travers le flux sanguin. On parle alors d'acouphènes pulsatiles. Leur diagnostic et la recherche de leur cause sont essentiels puisqu'ils peuvent dans de nombreux cas être traités. 

Acouphènes et hallucinations auditives

Les acouphènes sont également à distinguer des hallucinations auditives. Ces dernières se traduisent en effet par des sons distincts (mots, mélodies voire phrases complètes). Elles sont avant tout causées par des maladies neurologiques ainsi que par certains troubles de l’audition distincts de ceux provoquant parfois des acouphènes. 

Quels sont les symptômes des acouphènes ?

Les personnes souffrant d’acouphènes déclarent entendre des sons très différents. Les plus courants restent le bourdonnement et le sifflement, mais des tintements, des cliquetis voire des grésillements sont également évoqués. Pour certains, ces sons sont aigus, pour d’autres sourds, à fort ou faible volume, rythmés ou aléatoires. 

De manière générale, les symptômes dus aux acouphènes sont variables d’un individu à l’autre, mais aussi en fonction du moment. La nuit est ainsi particulièrement propice aux bourdonnements dans les oreilles. 

Du moins en apparence.

Pourquoi les acouphènes sont-ils parfois plus forts ?

La plupart des personnes souffrant d’acouphènes le diront : ces derniers sont parfois plus intenses, d’autres fois plus faciles à supporter. Cela est a priori plus dû à l'environnement qu’à l’intensité réelle du son (qui, rappelons-le, n’existe pas si ce n’est dans la cochlée du patient). Le silence peut ainsi largement augmenter la perception du volume des acouphènes, faisant du réveil et du coucher des moments particulièrement éprouvants pour de nombreuses personnes. Au contraire, en journée ou dans un environnement sonore normal, les sifflements sont plus ou moins masqués et donc plus ou moins supportables

Les symptômes des acouphènes peuvent-ils diminuer d’eux-mêmes ?

Bonne nouvelle, la réponse courte à cette question est oui. Les acouphènes ont tendance à diminuer avec le temps (semaines, mois, années selon les individus). On parle alors de processus d'habituation car les personnes touchées s'habituent au bruit perçu et finissent par être moins dérangées par les acouphènes. Ils demeurent cependant et compter sur une diminution naturelle n’est généralement pas une bonne stratégie lorsque l’on souhaite traiter des acouphènes. 

D’autant que leurs conséquences sont loin d’être négligeables et que les supporter au quotidien peut être extrêmement dérangeant. 

Quelles sont les conséquences des acouphènes ?

Là encore, les conséquences varient assez largement d’un individu à l’autre. Pour certaines, elles ne sont que faibles et occasionnelles. Pour d’autres, elles sont continues et peuvent rapidement affecter la qualité de vie. 

  • Gêne constante, 
  • Isolement, 
  • Difficultés à entretenir une vie sociale normale, 
  • Sautes d'humeur, 
  • Difficultés à trouver le sommeil, 
  • Difficultés à se concentrer, 
  • Troubles de l’anxiété, 
  • Dépression. 

Afin d’éviter ces conséquences, il est important de comprendre de qui provoque les acouphènes et ainsi espérer les traiter durablement ou, tout du moins, les rendre supportables en en diminuant l’intensité. 

Qu'est-ce qui provoque des acouphènes ?

Dans la grande majorité des cas, les acouphènes sont liés à l'âge ou à un traumatisme. Ainsi, si le risque d’acouphène atteint un pic autour de 65 ans, 56% des 15-17 ans déclarent en avoir déjà souffert. La faute, principalement, au volume sonore élevé des casques audio et des concerts. 

Il existe cependant de nombreuses autres causes qu’il est nécessaire de chercher à identifier, même si cela n'est pas toujours possible. 

Acouphènes et vieillissement naturel de l’appareil auditif

Le vieillissement naturel de l'appareil auditif, généralement après 50 ans, entraîne une perte d'audition appelée presbyacousie. Elle se traduit principalement par une baisse de sensibilité aux fréquences hautes (les sons aigus) et est fréquemment accompagnée d'acouphènes. La presbyacousie représente l’une des causes les plus courantes de perception d’un bourdonnement dans les oreilles. D’ailleurs, environ 80% des cas d’acouphènes sont liés à une perte d’audition

Acouphènes liés à un traumatisme sonore

L’autre grande cause de l’apparition d’acouphènes est le traumatisme sonore. Il peut aussi bien s’agir d’une exposition prolongée au bruit (chantier, concert, discothèque, etc.) que d’une exposition de courte durée mais particulièrement intense, comme une explosion. 

Autres causes

En dehors des deux raisons principales que constituent l’âge et le bruit, certaines maladies peuvent également avoir pour effet secondaire l’apparition de bruit intempestif dans les oreilles. Ce peut être le cas d’une otite moyenne, d’un bouchon de cérumen, de la maladie de Ménière, d’otospongiose, d’atteinte du nerf auditif ou de l'oreille interne. Certains problèmes psychosomatiques peuvent également en être à l’origine (stress, dépression). 

Est-ce que les acouphènes peuvent disparaître ?

Réponse courte : oui. Bien que les acouphènes soient difficiles à traiter, ils peuvent dans certains cas disparaître spontanément. Ce phénomène n’est cependant ni automatique ni possible dans tous les cas. Cela va donc avant tout dépendre de la cause à l’origine des symptômes. 

Quelques cas dans lesquels les acouphènes peuvent disparaître plus ou moins rapidement : 

  • “Faux” acouphènes : une oreille peut siffler ou bourdonner sans qu’il s’agisse pour autant d’un acouphène. 
  • Bouchon dans l’oreille : en cas d’otite, de présence d’un corps étranger ou d’un bouchon de cérumen par exemple. Des sons intempestifs peuvent alors être entendus et disparaître une fois le problème réglé, en retirant le bouchon ou traitant l’infection. 
  • Acouphènes temporaires : courants chez la population jeune, ils peuvent survenir après un concert au volume trop élevé, une sortie en discothèque ou une l’écoute de musique à fort volume au casque. 

Dans tous les cas, ceux évoqués ici et les autres, un bourdonnement dans une ou les deux oreilles n’est pas anodin. Consulter un spécialiste de l’audition ou a minima un médecin généraliste est essentiel et la condition nécessaire à un traitement approprié. 

Comment soigner les acouphènes ?

Soigner les acouphènes peut passer par des traitements très différents, dépendant largement de la cause à l’origine des sifflements. On dit d’ailleurs parfois qu’ils ne sont pas une maladie, mais plutôt le symptôme d’une autre pathologie. Diagnostiquer des acouphènes est donc une étape essentielle du processus si l’on souhaite parvenir à les soigner, même si cela n’est pas toujours possible. Dans tous les cas, le traitement doit être adapté à la maladie en question (otite, bouchon, etc.). 

Plusieurs grandes familles de médicaments sont utilisées. 

Vasodilatateurs

Les vasodilatateurs sont utilisés dans la plupart des cas. En dilatant les vaisseaux sanguins, notamment au niveau de l’oreille, ils permettent d’augmenter l’afflux de sang, contribuant ainsi à une réparation plus efficace des cellules auditives. Si des résultats positifs ont été remarqués dans ce cadre précis, on comprend encore mal leur réelle action sur les acouphènes. 

Anxiolytiques, antidépresseurs et antiépileptiques

Il n’existe pas d'indication officielle de la prise d’anxiolytiques, d’antidépresseurs et d’antiépileptiques dans le cas du traitement des acouphènes. Là encore, ils sont parfois utilisés. Les antiépileptiques par exemple, permettent de lutter contre l’excès de décharges nerveuses, ayant dans certains cas une influence positive sur les acouphènes. L’hyperactivité des voies auditives est en effet reconnue comme étant l’un des phénomènes pouvant en être à l’origine. La stopper reste cependant encore un défi pour la communauté scientifique. 

Médicaments contenant de la trimétazidine

Longtemps utilisés, les médicaments à base de trimétazidine (Vastarel notamment) sont déconseillés dans le cadre du traitement des acouphènes par l'Agence européenne du médicament (EMA) depuis juillet 2012. Selon elle, ce composé actif notamment efficace pour prévenir les angines de poitrine présente plus de risques que de bénéfices, incluant entre autres un risque d’effets indésirables neurologiques (raideurs, tremblements). 

En France, la trimétazidine a cependant continué à être largement prescrite. Depuis 2017 et une décision de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), seuls les cardiologues peuvent donc prescrire ce genre de traitements, même si d'autres médecins peuvent ensuite proposer les renouvellements d'ordonnance.

Ces traitements médicamenteux sont donc plus ou moins efficaces en fonction de la cause et de l’état de santé général du patient. Si la cause n'est pas identifiée, une guérison est plus difficile à envisager. Des thérapies existent alors pour tenter de mieux vivre avec ses acouphènes. 

Mieux vivre avec des acouphènes

Il n’est pas toujours possible de soigner les acouphènes. Il existe heureusement des actions qui permettent de les réduire autant que possible et des gestes à adopter au quotidien afin de mieux les supporter. Certaines thérapies et un appareillage (dans le cadre d’une perte d’audition) font partie des solutions les plus efficaces. Certaines actions sont au contraire à éviter. 

Thérapies pour soulager les acouphènes

Thérapie sonore

Une thérapie sonore, thérapie de masquage ou tinnitus retraining therapy, s'appuie sur le principe de distraction. Ce coaching thérapeutique consiste par conséquent non pas à soigner la cause mais à masquer le bruit pour ne plus y penser. Cela peut notamment consister à diffuser de la musique douce ou tout autre son perçu comme agréable et qui pourrait masquer l'acouphène pour que le cerveau se focalise sur autre chose et "l'oublie". Il faut pour cela dans un premier temps déterminer le type de son et le volume les plus efficaces, par exemple grâce à une acouphénométrie

Une fois le type d’acouphène identifié, il peut notamment être proposé au patient de porter un petit appareil ressemblant à une audioprothèse quelques heures par jour et qui diffuse du bruit blanc (comme écouter une radio mal réglée). 

Thérapie cognitivo-comportementale

Une thérapie cognitivo-comportementale est dispensée par un psychologue ou un psychiatre et aide à déterminer un ensemble de stratégies à mettre en place : relaxation, restructuration des pensées ou visualisation par exemple. Rien ne prouve à ce jour que la thérapie cognitivo-comportementale permet de réellement diminuer l'intensité des acouphènes. Elle peut par contre améliorer le quotidien des personnes qui en souffrent en agissant à la fois sur leur perception et sur la diminution d'éventuels états dépressifs constatés. 

Traitements non-conventionnels 

D’autres traitements moins conventionnels peuvent également aider les patients à mieux vivre avec leurs acouphènes. Parmi les plus fréquents, on retrouve l'hypnose, la sophrologie, l'acupuncture ou encore l'EMDR (pour Eye movement desensitization and reprocessing). Là encore, leur intérêt repose davantage sur les effets ressentis par les patients que sur l’existence de preuves concrètes de leur efficacité. 

Appareillage

Lorsque les acouphènes s'accompagnent d'une perte d'audition (environ 80% des cas), une prothèse auditive peut permettre de les masquer en améliorant la capacité d'audition. Prescrite par le médecin ORL suite à l’élaboration d’un bilan auditif complet, elle est ensuite conçue et ajustée par l’audioprothésiste

Les choses à éviter

Pour finir, il est également utile de préciser qu’une bonne hygiène de vie contribue largement à mieux supporter les sifflements et bourdonnements induits par les acouphènes. Certaines choses sont par conséquent à éviter : 

  • Les excitants (thé, café), 
  • Le sport en fin de journée, 
  • Les repas copieux avant le coucher, 
  • Les écrans avant de dormir, 
  • Une alimentation trop salée (augmentant le flux sanguin au niveau des oreilles), 
  • Une alimentation trop grasse (mettant à mal le système vasculaire), 
  • Les aliments à fort pouvoir allergène (cacao, soja, lactose notamment).