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Qu'est-ce que la discrimination auditive et comment l'améliorer ?

Audition

22.08.25

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Des difficultés de compréhension ou des troubles du langage, surtout chez les plus petits, peuvent laisser suspecter une perte auditive. C’est vrai, mais pas la seule cause possible. Ces symptômes peuvent aussi être liés à une faiblesse de discrimination auditive, soit la capacité à différencier les sons. Ce guide vous explique ce qu’est la discrimination auditive, ce qui peut la compliquer et comment l’améliorer.

Définition : qu'est-ce que la discrimination auditive ?

La discrimination auditive désigne notre capacité à percevoir et à différencier des sons. C’est par exemple elle qui nous permet de faire la différence entre deux mots proches comme pain et bain ou de reconnaître le bruit d’une porte qui claque par rapport à celui d’un livre qui tombe. Cette compétence joue un rôle clé dans la compréhension du langage, l’apprentissage de la lecture et l’identification des sons dans l’environnement. Ces sons se distinguent par leur hauteur, leur intensité, leur durée ou leur timbre. 

En quoi diffère-t-elle des autres compétences auditives ?

La discrimination auditive ne doit pas être confondue avec l’acuité auditive, qui correspond à la capacité de détecter des sons faibles ou lointains. Une personne peut avoir une bonne audition au sens médical, mais rencontrer des difficultés à distinguer certains sons proches. Elle se distingue également de la compréhension auditive, qui implique non seulement de percevoir les sons, mais aussi de leur donner un sens en fonction du contexte. 

En résumé, l’acuité mesure si l’on entend, la discrimination si l’on distingue et la compréhension si l’on comprend

Discrimination auditive, conscience phonologique et conscience phonémique

Lorsque l’on commence à s’intéresser à la discrimination auditive, on rencontre rapidement les concepts de conscience phonologique et de conscience phonémique, parfois utilisés de manière interchangeable. Pourtant, ils décrivent des phénomènes différents. 

  • La conscience phonologique est la capacité à identifier et manipuler les sons de la langue à différents niveaux : mots, syllabes, rimes et phonèmes. 
  • La conscience phonémique en est une composante spécifique, centrée sur les phonèmes, les plus petites unités sonores d’une langue (comme le son /p/ ou /b/ en français, par exemple) qui distinguent un mot d’un autre. 

La discrimination auditive est la base perceptive qui permet de développer la conscience phonologique et la conscience phonémique. Pour qu’un enfant puisse reconnaître qu’un mot commence par le même son qu’un autre (ballon et biberon) ou distinguer pomme et gomme, il doit d’abord entendre et différencier précisément les sons de la parole. 

La discrimination auditive est donc la compétence sensorielle qui alimente ces deux formes de conscience linguistique, un peu comme une bonne vision alimente la reconnaissance des lettres. 

Qu'est-ce qui peut causer des faiblesses de dicrimination auditive ?

Une difficulté à distinguer ou comprendre certains sons peut avoir plusieurs origines. Souvent, une faiblesse de discrimination auditive peut mettre sur la piste d’une trouble de l’audition, mais il ne s’agit pas de la seule cause possible. L’identifier est une étape essentielle pour une prise en charge adaptée. 

Causes liées à l’audition

Une altération de l’audition peut réduire la qualité ou la précision des signaux sonores transmis au cerveau. Plusieurs facteurs peuvent expliquer une perte d’audition : 

Causes liées au traitement du signal auditif

Une audition saine n’est pas toujours synonyme de bonne discrimination auditive. Le trouble de l’audition centrale (TAC), également connu sous le nom de trouble du traitement auditif central, se manifeste par une difficulté neurologique à interpréter les sons. Dans ce cas, le problème ne vient pas de l’oreille mais de la façon dont le cerveau traite et comprend les sons. Le TAC a donc une influence directe sur la discrimination auditive, en provoquant des difficultés à comprendre la parole dans un environnement bruyant, à localiser la source d’un son, à distinguer des mots phonétiquement similaires ou à suivre une discussion complexe.  

Autres facteurs

Un environnement bruyant, un manque d’exposition à la langue (par exemple dans un contexte de bilinguisme où l’enfant entend peu une langue) ou l’absence de stimulation sonore diversifiée sont autant de facteurs environnementaux pouvant limiter le développement d’une discrimination auditive fine. La fatigue, le stress, les troubles de l’attention ou certaines pathologies neurologiques peuvent également réduire, généralement temporairement, la capacité à se concentrer sur les sons et à les distinguer. 

Comment tester la discrimination auditive ?

La discrimination auditive peut être évaluée par plusieurs professionnels de santé selon l’origine suspectée de la difficulté. Les orthophonistes réalisent le plus souvent ces tests lorsqu’un trouble du langage, de la lecture ou de la compréhension orale est suspecté. Ils utilisent des épreuves adaptées à l’âge et au niveau du patient, allant de la reconnaissance de sons simples à la distinction de mots très proches. Les médecins ORL et les audioprothésistes peuvent également proposer des tests intégrés à un bilan auditif, notamment pour vérifier si une perte d’audition affecte la perception des sons. 

Les évaluations se déroulent généralement dans un environnement calme, au casque ou via des hauts-parleurs, et peuvent inclure des sons de parole, des bruits non verbaux ou des phrases prononcées dans le bruit. L’objectif est d’identifier si la difficulté provient de l’oreille elle-même (problème de perception) ou du cerveau (problème de traitement auditif). Les résultats orientent ensuite vers la prise en charge la plus adaptée, qu’il s’agisse de porter un appareil auditif, d’un traitement médical, d’exercices spécifiques ou d’un suivi orthophonique. 

Comment améliorer sa discrimination auditive ?

Lorsqu’une faiblesse de discrimination auditive est liée à une perte d’audition, la première étape consiste à traiter la cause médicale ou à compenser la baisse auditive. Cela peut passer par un appareillage auditif (appareils conventionnels, implants cochléaires ou à conduction osseuse selon le type et le degré de surdité) afin d’amplifier et clarifier les sons. Dans certains cas, un traitement médical ou une chirurgie de l’oreille peuvent améliorer directement la perception sonore. Si la difficulté provient d’un trouble du traitement auditif central, un suivi orthophonique ciblé permet de renforcer les capacités d’analyse et de distinction des sons. 

Des exercices pour stimuler la discrimination auditive

Des exercices réguliers peuvent contribuer à améliorer la discrimination auditive. Ils peuvent consister à écouter et comparer des sons proches (par exemple, pa / ba), à pratiquer des jeux de rimes ou de syllabes ou à s’entraîner à identifier des mots dans un bruit de fond. Les environnements sonores variés (écoute attentive d’un podcast, musique avec paroles, bruits de la nature) sont aussi bénéfiques, à condition de rester à un volume modéré pour protéger l’audition. 

Prévention et suivi

Préserver une bonne discrimination auditive passe d’abord par une hygiène auditive rigoureuse (voir nos conseils pour bien se nettoyer les oreilles). Il est également essentiel d’éviter les volumes sonores élevés, de protéger ses oreilles lors d’expositions bruyantes et de limiter l’usage prolongé des écouteurs. Un bilan auditif régulier, surtout en cas de gêne ou d’antécédents, permet quant à lui de détecter rapidement toute baisse de performance. 

En cas de question ou de doute relatif à votre santé auditive, demandez conseil à un spécialiste ORL ou à un audioprothésiste.